Un coup d’éclat belge. Les entreprises ITraceIT et Logion ont mis au point une solution conjointe de suivi afin d’enregistrer et documenter légalement chaque étape de la vie d’un diamant.

Venant du pays abritant le centre mondial du négoce de diamant brut et poli, on osait espérer une démonstration d’exemplarité. L’industrie de la joaillerie se retrouve fréquemment pointée pour son manque de transparence, de gouvernance ou de durabilité. Et ces temps troublés par des guerres aux portes de l’Europe et de la Méditerranée ravivent la notion de diamants de conflits, symbolique de la violation des droits humains. Pourtant, à l’inverse des autres produits dont la chaîne d’approvisionnement s’avère entièrement balisée, de la ferme à l’assiette, de l’usine de montage au garage du particulier, pour les diamants, il n’existe pas encore aujourd’hui de traçabilité de la mine jusqu’au bijoutier.

Si la question de la traçabilité du secteur et d’éventuelles sanctions n’est pas neuve, avec les diamants russes dans leur viseur, les dirigeants du G7 recherchent depuis mai un outil pour monitorer ce commerce plus efficacement. Le gouvernement De Croo a dernièrement évoqué une solution basée sur la blockchain, tandis que le World Diamond Council a exprimé sa préférence pour le système de certification reposant encore sur la trace papier (Processus de Kimberley, 2003). Même réputé infalsifiable, le certificat papier constitue un système reposant sur la confiance et dont la solidité dépend du maillon le plus faible, rappelait à la RTBF Hans Merket, chercheur pour l’International Peace Information Service (IPIS).

« Une carte concluante devant un tribunal »

Revendiquant le premier outil de traçage centralisant toutes les données relatives au cheminement d’un diamant, l’entreprise belge ITraceIT a développé un véritable passeport numérique : son logiciel compile toutes les preuves, des photos ou vidéos de la pierre précieuse à l’état brut aux factures d’achat, en passant par les bordereaux de transport et autres certificats. Cette réalisation n’est certes possible que si tous les intervenants sur la chaîne de valeur jouent le jeu dans les règles. Mais la solution technologique bâtie par la société hennuyère renforcerait les garanties de validité et d’authenticité des informations.

Par un savant mélange de blockchain et intelligence artificielle, le modèle constituerait une alternative sûre et exploitable, compatible avec toute entreprise cherchant à retracer chaque étape du processus de production et réaffirmer la fiabilité du produit aux consommateurs. Encore fallait-il consolider les attributs juridiques de ce passeport numérique. C’est là qu’est entrée en jeu une partenaire belge, la société Logion qui s’est donné pour mission de garantir la sécurité juridique sur les blockchains.

« Nous avons été la première entreprise à cartographier chaque étape de la vie d’un diamant à l’aide d’un passeport unique. Grâce à la technologie blockchain publique de Logion, nous ajoutons maintenant la possibilité d’enregistrer et de documenter légalement toutes ces étapes », se félicite Frederik Degryse, CEO d’ITraceIT. « Ce cachet juridique est neutre mais concluant devant un tribunal. Ainsi, notre passeport répond à la réalité économique que le G7 est en train de créer aujourd’hui dans le secteur du diamant. »

Avec leurs approches complémentaires, ITraceIT et Logion semblaient naturellement faites pour se rencontrer. C’est par l’entremise du bras financier du gouvernement wallon, le fonds d’investissement Wallonie Entreprendre (anciennement W.IN.G) qu’est née ce premier « passeport blockchain légal » pour l’industrie du diamant.

La blockchain qui légalise les tokens

L’entreprise Logion porte un projet novateur à bout de bras depuis deux ans et qui dénote habituellement dans un écosystème crypto où les puristes ne jurent que par la désintermédiation. Elle a en effet établi un réseau public décentralisé où interviennent des « officiers légaux » (avocats, huissiers, notaires) pour conférer une « preuve de droit » aux tokens en les transformant en actifs numériques légaux.

Concept assez rare que pour être souligné, sur sa blockchain, Logion émet notamment un certificat blockchain, collectant toutes les données nécessaires de manière confidentielle, et réalisant, avec son réseau de professionnels du droit, les vérifications qui s’imposent. La plateforme assure ainsi la légitimité et l’opposabilité des tokens, comblant le fossé entre les domaines numérique et physique.

« Ces opérations sont réalisées de façon neutre et indépendante de nos officiers légaux. Ils vérifient que tout a été fait correctement et valident les certificats, dont ils endossent la responsabilité », fait remarquer David Schmitz, cofondateur et Chief Evangelist de Logion, insistant sur l’accessibilité. « Notre réseau permet à tout un chacun, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, de se voir délivrer des certificats blockchain qui garantissent des actifs digitaux ».

Dans le cas précis de l’innovant « passeport diamant », la blockchain et les officiers judiciaires de Logion confirment que tous les documents produits sur la plateforme d’ITraceIt sont valides et que le certificat, la gestion des données sous-jacentes, respectent les lois en vigueur. Bref, une première solution commerciale déjà adaptée au nouveau protocole de traçabilité que le G7 entend imposer au secteur diamantaire à partir de l’année prochaine.

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